Paysage aux néons
Paysage aux néons, Simon Boulerice, Leméac, 107 p., 10,95$
Magnifique tour de force de Simon Boulerice qui réunit dans une même histoire l’atmosphère suintante d’un Nautilus à la prose de nos poètes québécois. On retrouve Léon Renaud, un personnage sensible et attachant, pour qui la poésie se déguste mieux sur un vélo stationnaire. Au Nautilus où il vient tout juste de s’inscrire, il ne peut s’empêcher de jeter un regard sur Marky Mark, la star du centre, un homme musclé, imbu de lui-même et peu sympathique. Son manège attire l’attention de Félindra, une jeune femme obèse qui s’entraîne en se gavant de boissons gazeuses et avec qui il se lie d’amitié. Bâti comme un programme d’entraînement, le livre s’apprécie pour les réflexions de Léon sur ce qui se cache derrière les miroirs où s’admire chacun, sur l’étrangeté des relations humaines et le pouvoir rédempteur des mots.
S’il n’est pas nécessaire d’avoir lu précédemment Jeanne Moreau a le sourire à l’envers dans lequel apparaît pour la première fois Léon Renaud, je vous invite cependant à plonger dedans. Simon Boulerice dévoile dans ses livres une tendresse pour ses personnages qui se traduit en une plume qui adoucit les travers et les différences. C’est toujours un plaisir que de découvrir les fils ténus, colorés, hirsutes, que forment la trame imprévisible des histoires de l’auteur.
Un coup de coeur de Chantal Fontaine, libraire